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Jardins de la lumière où j’ai cueilli des bouquets

Tu dois en avoir assez de faire peur à ce ciel
                  Qu’il garde son hoquet

On imagine difficilement
À quel point le succès rend les gens stupides et tranquilles

      À l’institut des jeunes aveugles on a demandé
      N’avez-vous point de jeune aveugle ailé

Ô bouches l’homme est à la recherche d’un nouveau langage

Auquel le grammairien d’aucune langue n’aura rien à dire

Et ces vieilles langues sont tellement près de mourir
Que c’est vraiment par habitude et manque d’audace
Qu’on les fait encore servir à la poésie

Mais elles sont comme des malades sans volonté
Ma foi les gens s’habitueraient vite au mutisme
La mimique suffit bien au cinéma

          Mais entêtons-nous à parler
          Remuons la langue
          Lançons des postillons

On veut de nouveaux sons de nouveaux sons de nouveaux sons