Page:Apollinaire - Calligrammes.djvu/195

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On veut des consonnes sans voyelles
Des consonnes qui pètent sourdement
            Imitez le son de la toupie
Laisser pétiller un son nasal et continu
Faites claquer votre langue

Servez-vous du bruit sourd de celui qui mange sans civilité

Le raclement aspiré du crachement ferait aussi une belle consonne


Les divers pets labiaux rendraient aussi vos discours claironnants

Habituez-vous à roter à volonté
Et quelle lettre grave comme un son de cloche
            À travers nos mémoires
Nous n’aimons pas assez la joie
De voir les belles choses neuves
Ô mon amie hâte-toi
Crains qu’un jour un train ne t’émeuve
                  Plus
Regarde-le plus vite pour toi
Ces chemins de fer qui circulent
Sortiront bientôt de la vie
Ils seront beaux et ridicules

Deux lampes brûlent devant moi
Comme deux femmes qui rient