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Page:Apollinaire - Calligrammes.djvu/196

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Je courbe tristement la tête
Devant l’ardente moquerie
Ce rire se répand
Partout
Parlez avec les mains faites claquer vos doigts
Tapez-vous sur la joue comme sur un tambour
                            Ô paroles
            Elles suivent dans la myrtaie
            L’Eros et l’Antéros en larmes
Je suis le ciel de la cité

                          Écoutez la mer

La mer gémir au loin et crier toute seule
            Ma voix fidèle comme l’ombre
            Veut être enfin l’ombre de la vie
Veut être ô mer vivante infidèle comme toi

La mer qui a trahi des matelots sans nombre
Engloutit mes grand cris comme des dieux noyés
Et la mer au soleil ne supporte que l’ombre
Que jettent des oiseaux les ailes éployées

La parole est soudaine et c’est un Dieu qui tremble
Avance et soutiens-moi je regrette les mains
De ceux qui les tendaient et m’adoraient ensemble
Quelle oasis de bras m’accueillera demain