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histoire de Mllebrion

qu’il avait à l’hôtel d’Espagne, dans la rue de Tournon : je n’ai vu de ma vie un homme aussi tendre et aussi passionné que l’était M. D… ; il était devenu amoureux fou de moi au bal, sans me connaître. Quand nous fûmes arrivés dans son appartement, il me fit bien voir combien il se trouvait heureux de me posséder : tous ses mouvements devinrent des transports ; il n’y eut point d’endroit de mon corps qui n’eût part à ses caresses : tantôt je le voyais à mes pieds me jurer mille fois qu’il m’aimerait toujours ; l’instant d’après, me tenant étroitement serrée dans ses bras, il me peignait toute sa tendresse, me parlait de la vivacité de son amour et m’accablait de mille baisers enflammés : trop heureux pour pouvoir l’être davantage, l’excès de sa