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Page:Apollinaire - Histoire de Mlle Brion, dite comtesse de Launay.djvu/70

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histoire de Mlle brion

payer tous les matins, n’étant pas assez riche pour me faire les avances du premier mois. C’était avoir une fille à bon marché. Mais me trouvant vis-à-vis de rien, il ne me convenait pas d’être si difficile. De plus, il m’avait dit qu’il ne pouvait pas coucher chez moi, parce qu’il demeurait avec un oncle très dévot, dont il héritait, et que pour cette raison il voulait ménager. Cette dernière condition m’arrangeait assez. J’acceptai son offre : il me donna deux baisers pour arrhes du marché et me promit de venir prendre la quittance de son écu le lendemain. J’ai toujours été surprise que M. le marquis de *** se fût ruiné. C’était l’homme le plus d’ordre que j’aie jamais connu. Tous les jours il me payait sa dette et n’a jamais manqué d’en tirer le reçu.