Page:Apollinaire - L’Enfer de la Bibliothèque nationale.djvu/284

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sion était commencée, et dont il montra une feuille manuscrite. Mis en prison, Grasset avoua qu’il tenait cette feuille de Maubert (Lettre à Darget, 5 août) ; ce capucin défroqué, interrogé à son tour, répondit qu’il l’avait reçue de Lausanne (Lettre à Brenlers, 5 août). Les magistrats de Genève conseillèrent à Grasset « de vider la ville », et déclarèrent à Maubert qu’on s’en prendrait à lui si la Pucelle était imprimée. Maubert et Grasset, sortis de Genève, n’avaient qu’à se moquer des magistrats.

À la fin d’octobre, Voltaire apprit que la Pucelle était imprimée (Lettres à D’Argental, du 29 oct. ; à Thieriot, du 3 novembre 1755). L’édition que l’on croit la première est intitulée La Pucelle d’Orléans, poème divisé en quinze livres, par M. de V***, Louvain, 1755, in-12 de 161 pages, plus le faux-titre, le titre, et une préface de deux pages. Sur le faux-titre on lit seulement : La P… d’O…, poème divisé en quinze livres. Le volume finit par trois lignes de points, et ces mots : Cætera désunt.

Dans sa lettre à l’Académie française, de nov. 1755, Voltaire dit : l’édition faite à Francfort, quoiqu’elle soit annoncée de Louvain ; il parle même de deux autres rééditions exécutées, dit-il, en Hollande.

L’existence des réclames au bas de chaque page indique une impression faite hors de France. « Je n’ai pas, ajoute Beuchot, la témérité de contredire l’assertion de Voltaire sur Francfort ; mais, en quelque lieu que cette édition ait été faite, je crois qu’on la doit au capucin Maubert. C’est à lui que Voltaire a toujours persisté à en faire honneur, si honneur y a ; c’est à lui seul qu’il s’attache dans une phrase ajoutée, en 1773, à une note de la Préface de dom Apuleius Risorius, et dans une note ajoutée, la même année, au chant XXI. »

En 1800, le poème fut traduit en anglais par lady Charville (La Pucelle, Paris, de l’Imprimerie de Crapelet, an II, 2 vol. gr. in-8, fig. de Monjiau. Papier vélin). Cette traduction, qui n’était pas destinée au public, dit Brunet, « fut détruite par l’auteur à la sollicitation de sa famille. On n’en distribua que 50 exemplaires en petit papier, et 5 en grand. Le livre est doublement remarquable, et comme l’ouvrage d’une femme, et comme une rareté typographique. »

Les nombreuses éditions et réimpressions de ce poème, tant