Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’Esprits, plus de harems ! Comment faites-vous donc pour vous entendre toutes ? Non, l’Europe, la France, Paris, le boulevard, Romainville, la Porte Maillot.

« Et elle pleurait, s’essuyant les yeux d’une main et de l’autre caressant un mouton des montagnes, semblable à un petit daim qui, privé, lui léchait gentiment le bras. Et les épouses no 8, no 11 et no 20 laissant madame no 19 rire à son aise, s’efforcèrent de détruire les mauvaises dispositions de la Française. Elles la flattaient, lui faisant des compliments sur sa robe, sur son corsage et ses manches à la pagode, lui disant qu’elle était jolie et que les larmes l’enlaidissaient, lui vantant la vie de famille dans l’Utah, mettant en valeur le luxe dont elles disposaient et ajoutant qu’elle jouirait d’un luxe semblable si elle se décidait à écouter les propositions de Lubel Perciman à qui le Prophète l’avait destinée.

« — Et quel bonheur, ajoutaient-elles, de n’avoir plus de sujet de jalousie. Chez les mormons, une femme ne craint plus