Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/32

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Casanova dansait la forlane à Constantinople. Et cette jolie page dont je me souvenais, mieux que les histrions que j’avais sous les yeux, me montrait la danse vénitienne sinon recommandée, du moins évoquée par le pape Pie X comme un sûr remède au tango : cette danse vénérieuse et merveilleuse, qui semble née sur un transatlantique et qui pour moi évoque cette devise que j’avais choisie au début de ma vie d’écrivain tango non tangor, j’ai eu depuis des raisons pour y renoncer, adoptant une devise plus éclatante : « J’émerveille ». Mais revenons à la jolie page casanovienne sur la forlane :

« Peu de jours après, je trouvai chez le bacha Osman mon Ismaïl-effendi à dîner. Il me donna de grandes marques d’amitié, et j’y répondis, glissant sur les reproches qu’il me fit de ne pas être allé déjeuner avec lui depuis tant de temps. Je ne pus me dispenser d’aller dîner chez lui avec Bonneval, et il me fit jouir d’un spectacle charmant : des esclaves napolitains des deux sexes représentèrent une pantomime