Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/33

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et dansèrent des calabraises. M. de Bonneval ayant parlé de la danse vénitienne appelée forlana, et Ismaïl m’ayant témoigné un vif désir de la connaître, je lui dis qu’il m’était impossible de le satisfaire sans une danseuse de mon pays et sans un violon qui en sût l’air. Sur cela, prenant un violon, j’exécutai l’air de la danse ; mais, quand même la danseuse aurait été trouvée, je ne pouvais point jouer et danser tout à la fois.

Ismaïl, se levant, parla à l’écart à un de ses eunuques, qui sortit et revint peu de minutes après lui parler à l’oreille. Alors l’effendi me dit que la danseuse était trouvée ; je lui répondis que le violon le serait aussi bientôt, s’il voulait envoyer un billet à l’hôtel de Venise, ce qui fut fait à l’instant. Le baïle Dona m’envoya un de ses gens, très bon violon pour le genre. Dès que le musicien fut prêt, une porte s’ouvre et voilà une belle femme qui en sort, la figure couverte d’un masque de velours noir, tels que ceux qu’à Venise on appelle Moretta. L’apparition de ce