Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/46

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Paris, à moins que la guerre et la vie chère ne redonnent un regain de vogue à cet état. Il restera « la petite boîte », comme on dit aujourd’hui, mais le chand’de vin aura vécu. En attendant, ceux que les maladies ou plutôt les médecins n’ont pas fait renoncer entièrement aux vins de France fêtent encore à l’envi cette cave bien soignée.

Plus loin, à droite, sur le boulevard Raspail, le petit café des Vigourelles abritait en 1914, les jours où l’on ne dansait pas à Bullier, une jeunesse pétulante ; un homme au visage sévère s’y tenait souvent. Il déclarait avec simplicité à qui voulait l’entendre : « Je suis l’homme le plus emm…dant du quartier, j’emm…de même les conseillers municipaux. » On l’appelait le lion. Il avait tellement emm…rdé de monde qu’il en avait tiré des rentes. En effet, la plupart des cafés, des bistrots du quartier préféraient lui donner de l’argent plutôt que de le servir. Il n’avait qu’à se présenter dans ces endroits, pour qu’aussitôt on lui donnât, selon l’importance de