Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la maison, un franc, deux francs et même trois francs cinquante. Chaque matin, cet homme de génie faisait sa petite tournée dans le quartier et cela lui suffisait pour vivre, il e…rdait tout le monde et ne devait rien à personne. Dans ce petit café provincial des Vigourelles venaient quelquefois MM. de Segonzac, Luc-Albert Moreau, André Derain, Édouard Férat, René Dalize et un personnage énigmatique que l’on appelait le Finlandais, mais qui, je crois, était en réalité un limousin, de Limoges. Le distingué propriétaire de la maison s’était fait une popularité d’excellent aloi dans son arrondissement en déclarant publiquement, dans un beau mouvement d’éloquence : « Messieurs, tout en étant bistrot, j’aime beaucoup les arts ; le dimanche, quand je ne vais pas au cinéma, je vais au Louvre. » Presque en face se trouvait la boutique de M. Cocula, qui, par un singulier phénomène de mimétisme onomastique, en est venu, comme son quasi-homonyme anglais, M. Cook, à s’occuper de voyages ; les