Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Anglaise, elle l’était par son père, officier cruel, condamné à mort dans l’Inde pour sévices contre les indigènes. Mais sa mère était Maltaise.

Un jour, mon ami me dit :

— Il faut que je me délivre. Je me tuerai demain.

Je connaissais assez le caractère albanais de Pablo Canouris pour savoir qu’il ne s’agissait point là de vaines paroles.

Il se tuerait puisqu’il l’avait dit.

Je ne le quittai plus, et le lendemain, grâce à ma présence, à mon amitié, Pablo Canouris ne se tua pas.

Il trouva lui-même un remède à son mal.

— Cette femme, me dit-il, n’est point ma femme. Je l’aime, c’est vrai, mais d’un amour qu’une épouse détruirait en moi.

— Je ne comprends pas, m’écriai-je, expliquez-vous ?

Il sourit et continua :

— Les races des Balkans et des monts qui sont aux bords de l’Adriatique pra-