Aller au contenu

Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de Berthe. Je résolus aussitôt de vous sauver. N’êtes-vous pas représentant ? »

Je fis connaître à cette personne ma qualité d’Américain et de missionnaire mormon et elle parut vivement intéressée, me disant :

« J’ai été enfant de Marie… c’était le bon temps. »

Et je compris que cette jeune femme vivait dans la perdition et qu’elle songeait avec regret à ses années d’innocence. Je pensai aussitôt qu’elle serait une excellente mormonne et que les françaises étant rares parmi les Saints, vous ne seriez pas fâché d’avoir parmi vous un spécimen féminin de l’ingénieuse race des Français auxquels la civilisation doit tant et dans tous les domaines. J’endoctrinai cette lorette et je revins chaque jour dans ce quartier Bréda où elle loge. Je lui montrai que le bonheur l’attendait à Great Salt Lake City, que nous possédions la vraie doctrine, qu’elle aurait un mari aimable, que les mormonnes étaient instruites et bien élevées, que nous aimions les bals,