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LE POÈTE ASSASSINÉ

la forêt de malverne

Chaque jour, chaque jour, des envols éperdus d’oiseaux angoissés voient leurs nids s’écraser et leurs œufs se briser quand les arbres s’abattent en secouant leurs branches.

les oiseaux

C’est l’instant joyeux du crépuscule où viennent baller sur l’herbe filles et garçons. Et tous ont des baisers qui veulent tomber comme des fruits trop mûrs ou comme l’œuf quand il va être pondu. Les voyez-vous, les voyez-vous danser, muser, hanter, chanter de la brune à l’aube, sa sœur blanche.

un moine roux, au milieu du Cortège.

J’ai peur de vivre et je voudrais mourir. Déchirements de la terre ! Travail, ô temps perdu…

les oiseaux

Gai ! Gai ! les œufs brisés.
L’omelette toute faite a cuit sur un feu follet.
Ici, ici !
Prends à droite.
Tourne à gauche.
Devant toi.
Derrière ce chêne abattu.
Là et là.