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LE ROI-LUNE

bals décorés de grosses fleurs rouges de balisier. On entend chanter :

Ça qui pas connaîte
Bélo chabin ché,
Ça qui pas connaîte
Robelo chabin.

Sept heures, Paris, je reconnus la voix aigre de M. Ern.st L. J..n.ss., car le microphone, comme par hasard, aboutissait dans un café des grands boulevards.

L’angélus sonne au Munster de Bonn, un bateau chargé d’un double chœur chantant passe sur le Rhin, se rendant à Coblence.

Puis ce fut l’Italie, près de Naples. Les voiturins jouaient à la mourre par la nuit étoilée.

Alors vint la Tripolitaine où, autour d’un feu de bivouac, M.r.n.tt. s’exerçait à parler petit nègre, tandis que les troupes de la maison de Savoie l’entouraient martialement, prêtes à le défendre en cas d’agression improbable et tiraient quelques feux de salve onomatopéiques, cependant que de poste en poste à travers le camp se répondaient les sonneries des clairons.

Une minute après, dix heures ! Sont-ce des mendiants qui se plaignent, qui gémissent avec tant d’ardeur ? Le roi, qui les écoute, murmure :