Page:Apollinaire - Les Exploits d’un jeune Don Juan.djvu/29

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plus tard, je l’avais vu en regardant mon cul dans la glace.

Lorsque je fis part de cela à Berthe, elle rougit profondément et parut très étonnée. Elle fit d’abord comme si elle ne comprenait pas, mais lorsque je lui eus bien décrit sa position, que je me fus mis par terre les jambes écartées, pour lui montrer comment je l’avais vue, elle manifesta une honte sans mesure.

J’avais pris garde que dans le jardin, il n’y avait personne autre que nous. Les hautes végétations nous cachaient à tout regard lointain, tandis que nous pouvions nous apercevoir de l’approche de tout étranger.

Je déboutonnai mes bretelles, laissai tomber mon léger pantalon d’été et me remis sur le dos bien en face de ma sœur.

« Oh ! mon Dieu ! Roger, si quelqu’un te voyait, dit-elle à mi-voix, sans pourtant détourner ses regards.

— Personne n’est dans le voisinage, Berthe », répondis-je sur le même ton. Puis, je me relevai, me mis devant elle, soulevai ma chemise et lui dis : « Puisque je t’ai vue tout entière, tu peux me voir tout entier. »

La curiosité de Berthe était éveillée et elle me regarda sans aucune espèce de gêne. Ces regards commencèrent à me produire de l’effet, mon membre devint ferme, se souleva lentement et se dandinait avec importance, tandis que le gland se découvrait.