Page:Apollinaire - Les Exploits d’un jeune Don Juan.djvu/92

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autres filles l’avaient remarqué et toutes devenaient très gentilles pour moi, car elles n’étaient pas sottes et comprenaient qu’il était très agréable d’être baisées et de recevoir encore un cadeau par-dessus le marché.

C’est ainsi que me le dit l’une d’elles, un matin où tout était dans un profond repos, troublé seul par le bruit lointain des allées et venues dans l’étable.

J’étais monté et avais trouvé une porte non verrouillée qui donnait dans deux chambres à coucher.

Dans la chambre régnait une atmosphère pleine d’odeurs mêlées, exhalées par les corps des servantes, dont les vêtements pendaient à la muraille ou sur le pied du lit. Ces odeurs étaient d’abord très désagréables, mais dès qu’on s’y était habitué on les trouvait plutôt excitantes que suffocantes, c’était la véritable odor di femina :

Le parfum qui fait bander.

Les lits, faits à l’ancienne mode, étaient à deux places. Ils étaient tous vides sauf un, où une fille ronflait très fort.

Elle gisait sur le côté, tournée vers la muraille. Un pied était sur le bois du lit et son cul était d’autant plus exposé à mes regards qu’elle était toute nue.

Sa chemise grossière était posée près d’elle