Page:Apollinaire - Les Onze mille verges, 1911.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172
LES ONZE MILLE VERGES


son amant et, comme un orgue de barbarie jouait une valse sous nos fenêtres, les deux couples débraillés se mirent à danser sur mon corps, m’écrasant les couilles, le nez et me faisant saigner de toutes parts.

Je tombai malade. Je fus vengé aussi car le botcha tomba d’un échafaudage en se brisant le crâne et l’officier alpin, ayant insulté un de ses camarades fut tué par lui en duel.

Un ordre de Sa Majesté m’appela à servir en Extrême-Orient et j’ai quitté ma femme qui me trompe toujours...................

C’est ainsi que Katache termina son récit. Il avait enflammé Mony et l’infirmière polonaise qui était entrée vers la fin de l’histoire et l’écoutait frémissant de volupté contenue.

Le prince et l’infirmière se précipitèrent sur le malheureux blessé, le découvrirent et, saisissant des hampes de drapeaux russes qui avaient été pris dans la dernière bataille et gisaient épars sur le sol, ils se mirent à frapper le malheureux dont le derrière sursautait à chaque coup. Il délirait :