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Lettre du 8 mai 1915

8 mai 1915.

Non, ptit Lou, il y a sur la bague quelque chose de plus gentil encore et c’est « Je t’aime, Lou. » Ta carte d’aujourd’hui est plus courte mais plus pleine de choses exquises que certaines lettres plus longues. Mon chéri, je t’écris chaque jour et quand t’ai pas écrit un jour te le dis le lendemain ― mais t’écris chaque jour. Mon ptit Lou chéri, je ne te boude jamais, jamais, tu le sais bien, mon amour très chéri, ma Lou. J’écris la lettre avant la venue du vaguemestre, s’il rapporte le mandat il sera dans cette lettre, sinon le mettrai demain.

Je suis peut-être stupide quelquefois, mais toi tu es parfois bien méchante ― Tant mieux pour l’histoire du dentiste ― Explique-moi. Mais explique-moi toujours tout, mon chéri, je ne sais pourquoi, tu te méfies parfois de moi, ou te froisses, faut pas, faut pas. Tu sais bien, j’espère, que je t’aime vraiment, pas banalement. ― Tu dis que tu m’aimes, alors, laisse-toi aller gentiment à mon amour. Tu te laisses aller à celui de Toutou, laisse-toi aussi aller au mien. Puisque tu dis qu’il m’aime bien, et que tu sais que je l’aime aussi, alors laisse-toi aller gentiment à ce double amour. Mais non, il faut tout le temps te repêcher, te reprendre, tu fuis, on dirait parfois que t'es mécontente d’être aimée. Puis, c’est tout-à-coup un mot délicieux comme celui d’hier ― A propos, mets la date plutôt que le jour ― et quand tu n’écris pas, avertis dans la lettre suivante. D’autre part, comme les endroits où je passe sont de plus en plus arrosés ― si par hasard ― faut