Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/164

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aussi je résolus d’aller quand même à la chasse ; mais au moment du départ je reçus un télégramme : les ours s’étaient enfuis et la chasse était ajournée. Cette fois, l’hôtesse cérémonieuse n’entra pas dans ma maison. Une semaine plus tard, une dame avec qui je fleuretais organisa un pique-nique avec troïkas, tziganes et montagnes russes ; un rhume était inévitable ; mais inopinément ma femme tomba malade et me demanda de passer la soirée à la maison ; peut-être était-ce une feinte, car, le lendemain, elle était au théâtre. Quoi qu’il en fût, l’hôtesse cérémonieuse passa encore une fois. Deux jours après, mon oncle Vassili Ivanovitch mourut ; mon frère, très vain de son origine, disait quelquefois de lui : « C’est notre comte de Chambord. » Cette considération à part, j’aimais beaucoup l’oncle : comment ne pas aller à ses funérailles. Je suivis le cercueil à pied, le temps était affreux, je me refroidis : l’hôtesse cérémonieuse, ravie de l’occasion, vint chez moi le même soir…

Le troisième jour, le médecin diagnostiquait une pneumonie avec toutes les complications possibles et déclarait que je ne vivrais pas plus de deux jours ; mais le 20 février était encore loin, et je ne pouvais mourir