lutte s’engageait dans son cœur : d’une part, il était tenté de faire sur l’heure la déclaration de sa dette ; d’autre part, il se disait : « À quoi bon faire cette déclaration, puisque je ne puis payer. Je me libérerai plus tard… Mais peut-être quelqu’un a-t-il connaissance de cette dette ; peut-être est-elle inscrite sur quelque carnet ?… Il faut l’avouer immédiatement. »
D’un air très résolu, Michel Sviaguine s’approchait de mon frère et se mettait à lui parler de ma maladie. Mon frère répondait comme à contre-cœur et en regardant d’un autre côté ; ma mort lui donnait le droit d’être distrait et revêche.
— Voyez-vous, prince, commença Sviaguine en hésitant, j’étais débiteur du défunt.
Mon frère devint attentif et le regarda interrogativement.
— Je voulais dire que j’avais de grandes obligations envers feu Dmitri Alexandrovitch. Pendant de longues années…
Mon frère se détourna de nouveau, et Michel Sviaguine revint à sa place ; ses joues rouges étaient agitées d’un tressaillement ; ses yeux exploraient la salle, timides. Pour la première fois depuis ma mort, je regrettai de ne pouvoir parler ; j’aurais tant voulu lui