Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/203

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— Vas-y quand même. Après tout, c’est le père.

Vasutka disparut, et, un instant après, revint avec Séméon : il était en frac noir, avait un crêpe au bras, et tenait à la main une grande serviette.

— Quoi ? demanda-t-il de l’air d’un homme fort pressé.

— Tout va bien, je vous félicite, prononça triomphalement Sophie Franzovna.

— Grâce à Dieu ! dit Séméon qui, sans me regarder, s’éloigna en courant. Un garçon ou une fille ? demanda-t-il, déjà dans le couloir.

— Un garçon, un garçon.

— Grâce à Dieu ! répéta Séméon, et il disparut.

À ce moment Judichna achevait sa toilette devant une commode sur laquelle était une vieille glace dans un cadre de cuivre. Tout en se couvrant la tête d’un mouchoir noir pour aller à la levée du corps, elle jeta un regard indigné sur Nastasia :

— Tu as bien pris ton temps, il n’y a pas à dire… On emmène le prince et, juste à ce moment, elle se décide à accoucher. Que le diable…

Judichna cracha avec mépris, et, faisant le signe de la croix, sortit dans le corridor.