regrette beaucoup que je ne la connaisse pas encore. Moi, je ne le regrette nullement : ce doit être une pensionnaire blonde et sentimentale comme sa tante.
Trois semaines ont passé déjà depuis le début de ma maladie. J’ai essayé une foule de mixtures et d’onguents ; à chaque remède nouveau le docteur m’assure que le remède a agi, et pourtant il ne lève pas les arrêts. Dans la soirée, quelques amis viennent me voir ; aujourd’hui, personne n’est venu, et c’est avec joie que je me remets à mon journal.
Pour établir le bilan de ma vie passée, il me faut d’abord définir l’homme. Ai-je été : bon ou mauvais, intelligent ou imbécile, heureux ou malheureux. Après avoir allumé un cigare, je me suis assis sur le divan et, pendant deux heures, j’ai réfléchi là-dessus. Ma conclusion a été qu’une question de ce genre est insoluble, même pour l’homme le plus sincère. Quand on tâche à se rappeler tout son passé, aussitôt se présentent avec netteté toutes nos bonnes actions : on a fait du bien à celui-ci ; on a sauvé celui-là ; tel jour on pouvait faire une méchanceté et on s’en est abstenu. Le souvenir des mauvaises actions est