Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/253

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veux attendre Lydia, et l’on danse, je crois, chez les Zebkine.

Ce me fut un nouveau coup. Pourquoi Lydia m’avait-elle caché qu’on danserait, et m’avait-elle promis d’être bientôt de retour ?

Et la lecture commença.

Depuis que je suis au monde je n’ai jamais lu rien de plus ennuyeux que cet article ; en comparaison, le compte rendu annuel de la Société économique semblera un roman frivole.

Je lus pendant deux heures, mais je ne pus faire davantage. Je commençai par sauter des lignes, puis une demi-page et, voyant que cela passait sans réprimande, je sautai d’un coup dix-huit pages, si bien que de tous les actes héroïques de Charles le Téméraire, Maria Pétrovna sait seulement qu’il est mort, mais demeure persuadée qu’elle a tout entendu.

Au commencement, elle interrompait la lecture pour s’exclamer d’admiration ; ensuite elle ferma les yeux et parut dormir. Enfin, à un moment donné, je sentis que le tome allait tomber de mes mains : il me semblait que Maria Pétrovna jouait les Cloches du Monastère.

Je m’arrêtai, elle ouvrit les yeux.