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Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/271

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ne te privera pas du droit d’aimer. Viens chez moi si tu veux ; mais, dans mon royaume, la vie ne te sera pas douce. Reste plutôt à l’entrée du palais et admire comme je distribuerai aux autres mes sourires, mes caresses ; toi, à la porte, tu n’auras qu’à te taire. Pour toi, ni d’égards, ni d’honneurs ; et ne t’avise pas de faire voir ton mécontentement : tu te ferais congédier ; ton sang bouillira et les outrages te révolteront, mais il faudra que tu souries ; ton cœur se brisera de douleur, et il faudra que tu danses ; mais surtout il sied que tu te taises, te taises, te taises ! »

Non, je ne me tairai pas. Quoiqu’il puisse en advenir, je pénétrerai dans le palais magique et je parlerai fièrement le langage d’un homme libre. Peut-être ne me chassera-t-on pas… Les femmes n’aiment pas les seuls jouvenceaux : ainsi, sans aller plus loin, Mazeppa était beaucoup plus vieux que moi, et Marie l’aima. Puis, enfin, je ne suis pas un vieillard, je ne suis pas ce Stépan Stépanovitch, qui est paralysé depuis deux ans.


26 mars.

Avant-hier, le docteur m’a permis de me lever, mais non pas de sortir, et aussitôt m’est