jadis, j’avais l’espoir ; mais rentrer à présent dans cet appartement vide, froid, pour passer seul les heures sans fin de la souffrance, de la maladie et avec le souvenir perpétuel de l’affront insupportable, amer ; non, c’est trop pénible !
Je regardai Maria Pétrovna ; ses yeux brillaient d’une telle bonté qu’elle me sembla belle.
— Maria Pétrovna, m’écriai-je tout à coup, m’étonnant moi-même, puisque vous le feriez à la place de Lydia, faites-le donc à la vôtre : soyez ma femme !
Maria Pétrovna ne parut pas étonnée de ce langage. Elle se tut un instant, puis répondit :
— Non, Paul, à ma place c’est tout à fait impossible.
— Impossible !… pourquoi ?
— Pour beaucoup de raisons. D’abord je ne veux pas aliéner ma liberté.
— Mais pourquoi diable avez-vous besoin de liberté ? m’écriai-je sans plus choisir mes expressions. Vraiment on pourrait s’imaginer que vous faites je ne sais quel usage de votre liberté. Vous vivez comme la supérieure d’un couvent ; seulement, en guise de psaumes, vous lisez la Revue des Deux Mondes, ce qui