Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/280

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est presque la même chose. N’ayez pas peur, je n’attaquerai pas votre chère Revue ; soyez sûre que je vous laisserai libre là-dessus. Eh bien, avez-vous quelque autre raison ?

— Beaucoup d’autres. D’abord il est trop tard. Pourquoi ne pas avoir demandé ma main au temps, vous vous rappelez, où vous m’avez tant aimée !

— Pour l’amour de Dieu, Maria Pétrovna, nous avions alors dix ans l’un et l’autre ! Peut-on se marier à dix ans ?

— Paul, vous vous trompez : vous aviez alors sept ans de plus que moi.

— Eh bien, soit, je ne discute pas ; mais, si j’avais alors sept ans de plus que vous, la même différence subsiste ; en quoi ce peut-il être un obstacle ?

— Non, vous ne m’avez pas comprise. Je voulais dire qu’à mon âge il est affreux de commencer une nouvelle vie, d’entrer dans un monde inconnu.

— Comment, inconnu ? Vous oubliez, il me semble, que vous avez été mariée et que vous avez été assez heureuse avec feu votre mari.

— C’est vrai, j’aimais et j’estimais Ossip Vassiliévitch ; néanmoins, dans les relations conjugales, il y a beaucoup d’ennuis ; et puis