Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/299

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d’Hélène Pavlovna qui m’expliqua sa visite. Elle écrivait que, demeurée fidèle à la mémoire de son premier mari, elle me priait de lui remettre, pour qu’elle les lût, les lettres d’Aliocha ainsi que ses photographies. Elle ajoutait, à la fin, que, si, par hasard, je trouvais de ses lettres à elle, j’eusse l’obligeance de les joindre à celles de son mari.

À ce billet sec, quoique poli, je répondis par une lettre très cordiale. Je demandais à Hélène Pavlovna de me pardonner si ma conduite m’avait valu sa colère, lui donnais ma parole d’honneur — et c’était vrai — de n’avoir conservé aucune de ses lettres, et mis sous enveloppe le « groupe prophétique », le seul monument du passé. Deux heures après, on me remit un morceau de vilain papier sur lequel je lus, tracé d’une grosse écriture mal formée : « La Comtesse Hélène Pavlovna Zavolskaïa a reçu la lettre et le paquet de M. Dolsky ; en foi de quoi, selon les ordres de Son Excellence, je signe : le valet de chambre, Jacques. »

Si Hélène Pavlovna est innocente de la mort de son mari, et je doute de plus en plus de sa culpabilité, je suis horriblement coupable envers elle, et sa colère est légitime ; toutefois il me semble qu’après un