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en acclamant la France qui l’a libérée ; et c’est notre Pays qui sera ravagé et anéanti, comme viennent de l’être les provinces du Nord de la France !

Nous ne voulons pas rester exposés à ce danger terrible ; nous voulons qu’une large étendue de territoire se trouve entre nous et l’envahisseur ; nous voulons qu’une frontière naturelle et difficilement franchissable qui ne peut être que le Rhin sur tout son parcours, nous protège contre les appétits germaniques inassouvis et permette à nos soldats de contenir l’ennemi sur son propre territoire.


Eh quoi ! diront certains esprits rêveurs et utopistes, annexer toute la Rive gauche du Rhin, alors qu’on a proclamé qu’on ne voulait point d’annexion !

Nous répondrons à cela : ce n’est pas annexer que de prendre les précautions indispensables contre les incursions d’un voleur ou d’un assassin. Et d’ailleurs, les grands principes actuels ne veulent-ils pas que les peuples disposent librement d’eux-mêmes !

Or, dès aujourd’hui, la vallée de la Sarre et les régions de Trèves et de Mayence ne manifestent-elles pas le désir de redevenir françaises ?

La France devra occuper des gages en Allemagne aussi longtemps que celle-ci n’aura pas soldé les ravages qu’elle a faits en France et les dépenses de la guerre qu’elle a déchaînée. Bien avant que ceci soit chose faite, toute la Rive gauche du Rhin ne voudra plus entendre parler d’être remise sous la domination allemande, parce qu’elle sera déjà ralliée a la civilisation française ; il suffira alors de se conformer aux vœux qu’émettront ces Régions ; mais avant tout, il faut que la France et notre Lorraine jouissent d’une entière sécurité.

D’ailleurs, la Rive gauche du Rhin est territoire prussien et la Prusse est l’instigatrice de la guerre. Elle doit, plus que les autres encore, en supporter les conséquences !


Tel est, Monsieur le Président, notre vœu la plus ardent, et nous vous supplions d’user de toute votre influence pour en amener la réalisation.

Nous le répétons : s’il n’en est pas ainsi, tous les cruels sacrifices que cette guerre a imposés à la France auront été inutiles, car la menace allemande continuera à être aussi dangereuse qu’avant 1914.

Au nom de la France, au nom de tous ses Morts, au nom de notre Lorraine si longtemps opprimée et si heureuse d’être redevenue française, faites que cela ne soit pas !

Les craintes que nous vous exprimons ici, la Ville de Metz tout entière et toutes les Communes de notre Pays de Lorraine les partagent et, sous peu, toutes vous adresseront la même supplique et vous crieront comme nous : « Pas de fausse pitié pour l’Allemagne indigne de toute compassion ! »

Que la France songe avant tout à sa sécurité et à la nôtre, et se mette à l’abri derrière la tranchée naturelle que constitue le Rhin ; par conséquent, que la future frontière qui séparera l’Allemagne de la France soit la Rive droite du Rhin.


Que l’Allemagne soit rejetée politiquement, militairement et économiquement au delà du Rhin. C’est à ces conditions seulement qu’une Paix durable sera assurée ; c’est ce qui va vous être