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qui habitent les villes & bourgs, sont au nombre de 30,000 à 35,000. N’ayant pas les récenſemens détaillés sous les yeux, nous ne pouvons donner que des approximations ; mais nous penſons qu'elles avoisinent de très-près la vérité.

Les 150,000 Noirs qui cultivent le café & les vivres dans les montagnes, jouiſſent d’une abondance excessive en vivres. Cette abondance est telle que la plus petite partie de leur ſuperflu sert à garnir les marchés des villes, des bourgs, & à établir un commerce d’échange très-actif avec les Nègres de la plaine, qui leur procure une aisance inconnue dans nos campagnes. La disette ne se fait jamais sentir dans les montagnes, parce que la fraîcheur du climat, la fréquence des pluies, la fertilité d’un sol qui donne 5 à 6 récoltes par an, aſſurent la ſubſiſtance de ce peuple.

Les ſéchereſſes courtes & rares qui paſſent sur ces montagnes, n’y laiſſent que des traces légères, parce que plusieurs eſpeces de vivres résistent à l’action de cette ſéchereſſe, & se conſervent en terre. Tels sont le manioc & le tayau, ou chou Caraïbe, qui peuvent se garder en terre plus d’un an, l’igname créole, qui se conſerve ſix mois hors de terre, le riz, le maïs, les pois dont on peut former des magazins. La banane ſe cultive dans des ravines profondes & fraîches, elle produit

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