Page:Approvisionnemens de St. Domingue.djvu/16

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moins dans les ſéchereſſes, mais il n’y a que diminution de produit.

Le pain ne paroît dans les montagnes, que ſur les tables des Blancs : il y eſt toujours accompagné d’une grande quantité de vivres du pays, que les Créoles préfèrent ſouvent au pain d’Europe. Il paroît quelquefois dans les fêtes des Negres; mais on ne l’y voit que comme ces oiſeaux rares & ſans goût, que les riches de notre Europe ſervent ſur leurs tables, en signe de leur opulence & de leur vanité. Les maîtres en diſtribuent dans les hopitaux; mais cette quantité eſt si peu conſidérable, parce qu’elle eſt peu néceſſaire, qu’une habitation de deux cents Negres ne conſomme guere plus de quatre barils de farine par an. En effet la Nature a tellement diverſifié la nourriture dans cette riche contrée, qu’elle l’a appropriée à tous les âges, à tous les ſexes & à toutes les maladies. Elle a donné le manioc, la patate, l’igname, la racine du chou Caraïbe aux hommes ſains & robustes; la banane aux individus plus délicats; le riz, la farine de Maïs, mille eſpeces de pois & de légumes, à ceux que des maladies ont épuisés. Enfin le pain ſe mêlant à toutes ces productions, offre un dernier moyen de nuancer la nourriture, ſuivant les diverſes nuances de la maladie & des forces du ſujet.

On peut voir par ce récit vrai, & en témoi-