Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dissiper les plus grosses ténèbres, le soleil ensuite par sa venue éclaire le monde. Elle se prend aussi pour le soleil même à qui proprement appartient cet effet.

(49) (Boire). Caton, au 2 liv. de l’agriculture, dit, si vous desirez bien boire dans un banquet, et bien souper, mangez devant votre repas d’un chou crud au vinaigre, et quelques feuilles après le repas, elles vous rendent au même état que si vous n’eussiez ni bu ni mangé, et vous laissent boire autant que bon vous semble.

(50) Etranges choses. Socrates, en la police de Platon, dit que la partie de l’esprit qui participe d’entendement et de raison, languit, assoupie chez ceux qui dorment, mais que celle qui tient du naturel bestial, étant étourdie par un immodéré boire et manger, s’éveille et tourmente horriblement par les visions nocturnes. C’est pourquoi Platon commande que le corps soit si bien disposé, quand l’on va se coucher, que rien ne puisse apporter ou frayeur ou trouble dans l’esprit. Pythagore défendoit à ses disciples de manger des fèves, d’autant que cette nourriture engendre ordinairement des songes grossiers.

(51) On m’égorgeoit. Socrates pense avoir vu en songe ce qu’il avoit enduré par illusion ; c’est ainsi que l’art magique abuse les hommes par certains prestiges. S. Augustin, dans son 18e. de la cité de Dieu, dit : que la fantaisie de l’homme est capable de diverses formes ; il raconte l’histoire d’un homme auquel il étoit arrivé par force magique de rester dans son lit comme dormant sans se pouvoir réveiller que quelques jours après. Cet homme raconte ensuite ce qui lui est arrivé : qu’il étoit devenu cheval, et qu’il avoit porté des provisions de guerre parmi les autres vivandiers. Un autre homme soutint que de nuit il avoit vu venir un philosophe