Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LES

MÉTAMORPHOSES:

ou

L’ANE D’OR D’APULÉE,

PHILOSOPHE PLATONICIEN,


LIVRE SECOND.

Sitôt que la nuit fut passée, et que le soleil parut, je m’éveillai et sortis de mon lit, l’esprit fort occupé, et brûlant toutes fois du desir de voir ce qu’il y avoit de rare et de merveilleux en cette ville, d’autant plus que j’étois dans le milieu de la Thessalie, d’où l’on croit par tout le monde que l’art magique a tiré son origine (1) : incertain néantmoins, je repassois en moi-même le conte que le bon Aristomènes m’avoit fait à l’occasion de cette Ville, où nous venions, et j’y considérois toutes choses avec une curiosité et une application extraordinaire. Tout ce qui s’offroit à mes regards, je m’imaginois que c’étoit autre chose qu’il ne me paraissoit, et que par la force des enchantemens tout y étoit métamorphosé ; que les pierres que je rencontrois, étoient des hommes pétrifiés ; que les oiseaux que j’entendois, avoient été des hommes, aussi bien que les arbres qui étoient