Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/174

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comment elle le savoit : C’est cette lampe qui me le prédit, répondit-elle. Eh ! dit Milon, en éclatant de rire, nous entretenons une grande sibille de lampe, (31) qui, du haut du chandelier où elle est posée, examine le soleil, et sait tout ce qui se passe dans le Ciel. Sur cela, prenant la parole : Il ne faut point, dis-je, s’étonner de ce que dit Madame, du temps qu’il doit faire demain ; ce sont les premiers essais de cet art de deviner, et il n’y a rien en cela de fort extraordinaire. Car, quoique ce peu de feu terrien (32) et de lumière que nous voyons, soit l’effet de l’industrie des hommes, il ne laisse pas de sympatiser avec le feu céleste dont il est descendu, de participer aux changemens qui y arrivent, et par conséquent de présager ce qui doit arriver au plus haut des airs, et de nous en instruire. Nous avons même présentement parmi nous, à Corinthe, un certain Chaldéen (33) qui trouble toute la ville par les réponses surprenantes qu’il fait ; et, pour de l’argent, il découvre au peuple les secrets du Destin ; quels sont les Jours heureux pour se marier (34) ; quels sont ceux qui sont propres pour jetter sûrement les fondemens des murailles (35) ; quels sont les jours heureux, ou pour les voyages, ou pour les embarquemens : et moi-même l’interrogeant sur le succès qu’auroit le voyage que je fais présentement, il me répondit plusieurs choses fort étonnantes ; car il me dit que j’aurois une réputation assez éclatante ; que je ferois une grande