Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

murmurer et à vouloir en tirer avantage. Les uns demandent du feu, les autres cherchent des pierres. On anime jusqu’aux enfans contre cette femme ; mais elle, répandant un torrent de larmes feintes, et prenant tous les Dieux à témoin, nioit ce crime abominable avec les sermens les plus sacrés. Eh bien, dit le vieillard, remettons à la divine providence à faire connoître la vérité : Voici l’Egyptien Zachlas, le premier des prophêtes (54), qui m’a promis, il y a déjà long-temps, moyennant une somme d’argent considérable, de rappeller une ame des Enfers, et de ranimer un corps après son trépas. Sur le champ il fait avancer un jeune homme, couvert d’une robe de lin, chaussé avec des bottines de feuilles de palmier, et ayant la tête rasée (55).

Le vieillard embrassant ses genoux (56), et lui baisant plusieurs fois les mains : « Saint Prêtre, lui dit-il, laissez-vous toucher de pitié ; je vous en conjure par les astres des cieux, par les divinités infernales, par les élémens qui composent l’univers, par le silence de la nuit (57), par le sanctuaire du temple de Coptos (58), par les accroissemens du Nil (59), par les mystères de Memphis (60), et par les sistres de Pharos (61), rendez l’usage du jour pour quelques instans à ce corps privé de vie, et répandez un peu de lumière dans ces yeux fermés pour jamais. Ce n’est point pour nous opposer aux loix de la nature, ni pour refuser à