la terre ce qui lui appartient, que nous demandons qu’il puisse vivre un peu de temps ; mais pour avoir la consolation de venger sa mort ».
Le prophête rendu favorable par cette conjuration, appliqua par trois fois (62) une certaine herbe (63) sur la bouche du défunt, et en mit une autre sur sa poitrine : ensuite tourné vers l’Orient, et faisant tout bas une prière au Soleil, tout le peuple resta dans une attention extraordinaire, à la vue d’un spectacle si digne de respect, et dans l’attente d’un si grand miracle. Je me fourre dans la presse, et je monte sur une grande pierre qui se trouva derrière le cercueil, d’où je regardois curieusement tout ce qui se passoit. Déjà la poitrine du mort commence à s’enfler, le mouvement du pouls se fait sentir, et tout le corps se remplit d’esprits. Enfin le cadavre se lève, et le jeune homme profère ces mots : « Pourquoi, je vous prie, me rappellez-vous aux devoirs d’une vie qui doit finir dans un moment, après que j’ai bu des eaux du fleuve Léthé, et que je me suis baigné dans les marais du Stix ? Cessez, je vous en conjure, cessez et laissez-moi jouir de mon repos (64) ».
Après que cette voix fut sortie de ce corps, le prophête paroissant plus ému, « que ne révèles-tu, lui dit-il, devant tout le peuple le secret et les particularités de ta mort ? Crois-tu que je n’aie pas le pouvoir par mes enchantemens, d’appeler