Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/216

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pays ainsi défiguré, et n’étant plus qu’un sujet de raillerie ; mais avec mes cheveux abattus de côté et d’autre, je couvre le défaut de mes oreilles ; et, pour mon nez, j’en cache la difformité avec ce linge que j’y ai collé le plus proprement que j’ai pu.

Sitôt que Téléphron eut achevé son histoire, tous les conviés qui étoient échauffés de vin, recommencèrent à éclater de rire, et comme ils demandoient encore du vin pour boire des santés (65), Birrhene m’adressa la parole : C’est demain, dit-elle, le jour de la fête et solemnité de la fondation de cette ville. Nous sommes les seuls d’entre tous les peuples du monde, qui, par des cérémonies joyeuses et divertissantes, nous rendons le dieu Ris propice et favorable (66). Votre présence rendra la fête plus charmante, et je souhaite de tout mon cœur que vous inventiez quelque galanterie plaisante pour l’offrir à une si grande divinité, et pour l’honorer encore davantage. Avec plaisir, Madame, lui dis-je, et je voudrois bien trouver quelque sujet de divertissement digne de la fête, et même de la présence d’un si grand Dieu.

Ensuite mon valet m’étant venu avertir que la nuit étoit fort avancée, comme j’avois un peu de vin dans la tête, aussi bien que lui, je me lève de table sans différer davantage ; et ayant pris congé de Birrhene, je m’en retourne d’un pas chancelant chez Milon. Mais, en traversant la première place que