Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/229

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aiment la clarté, trouvant plus de contentement dans les plaisirs nocturnes ; lesquels, à la lueur de la lumière, ils reçoivent aussi par les yeux ; car, comme dit le poëte, les yeux servent de guide en amour, et l’épigrammatiste : O quels duels ! O quelles luttes cet heureux lit et cette lumière ont vu.

(29) Comme si j’eusse vu l’Enfer. Le texte dit, Avernum lacum. Ce lac que les Italiens nomment encore Averno, est dans le royaume de Naples, proche de Baye, de Cumes et de Pouzzole. Les anciens auteurs disent que ce lac exhaloit des vapeurs si corrompues, que les oiseaux qui voloient par-dessus, tomboient morts et qu’on n’en pouvoit trouver le fond. Ce qui a fait dire aux Poëtes que c’étoit une descente aux Enfers : Souvent même pour les exprimer, on se servoit du nom de ce lac, Avernus, comme a fait Apulée en cet endroit.

Ce lac est entouré de montagnes qui étoient autrefois couvertes d’une épaisse forêt, ce qui contribuoit à rendre ce lieu vénérable, selon la superstition des Payens qui l’avoient consacré à Pluton. L’empereur Auguste fit abattre ces bois, ce qui a rendu les environs de ce lac autant agréables qu’ils étoient affreux auparavant. On y voit quelques fontaines d’eau tiède, où l’on trouve de petits poissons noirs, qui ont un très-mauvais goût. Ceux du lac sont de la même couleur et sentent le soufre. L’illustre Antoine Doria eut la curiosité de le sonder lui-même, pour voir s’il étoit d’une si immense profondeur, que cela eût donné lieu à l’opinion des anciens qui le croyoient sans fond : il trouva que sa profondeur n’étoit que de deux cent trente-huit pas.

(30) Que de pluie. C’est la façon de deviner, que les Grecs appellent Lychnomatie, d’autant qu’elle se fait à l’inspection des mêches de lumière. Les présages et pronostics