Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cadence en vocales, fait une figure qui s’appelle annomination, pour exprimer celle du latin, scævam, et sævam.

(37) Un voyage aussi funeste que le nôtre, ou plutôt que celui d’Ulisse. Ulisse, après la prise de Troye, voulant retourner à Itaque, essuya, comme tout le monde sait, plusieurs naufrages, et toutes les disgraces d’un voyage très-malheureux. Mais il est très plaisant que ce Devin, entouré de peuple, transporté du plaisir de revoir son ami, lui conte sans réflexion tout haut les circonstances d’un voyage qu’il vient de faire, où à la mort près, il a essuyé tout ce qu’on peut imaginer de plus affreux, dans le temps justement qu’un homme le consultoit sur le jour qu’il devoit partir, afin qu’il ne lui arrivât aucun accident fâcheux dans un voyage qu’il avoit à faire.

(38) Elle prend un verre de vin, et ayant versé dessus un peu d’eau tiède. Cet usage de mettre de l’eau tiède dans le vin pour le boire, est bien contraire au nôtre, qui est de le boire à la glace. Les anciens croyoient que la chaleur réveilloit les esprits du vin. Dans le Levant, c’est encore un usage assez ordinaire de boire un peu chaud, quoiqu’on s’y lave les mains dans de l’eau rafraîchie avec de la neige, quand on en peut avoir.

(39) Il y a dans le texte : deux, trois et plusieurs fois. Le premier verre de vin étanche la soif, le deuxième réjouit, le troisième est voluptueux, le quatrième abrutit, et les autres tiennent de la folie. Le vin échauffe singulièrement, et il est très-pernicieux si l’on en boit outre mesure. Aurelian disoit de Bonosus, qu’il étoit né non pour vivre, mais pour être ivre. On a remarqué de ce prince une chose fort étrange qu’autant il buvoit, autant il urinoit ; et ce malheureux