Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/256

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vigueur ces gens qui dorment ; ne perdons pas un moment, et bannissons toute crainte. Que celui qui sera trouvé endormi, soit tué ; que celui qui se voudra défendre, soit percé de coups. C’est ainsi que nous serons en sûreté pour notre vie, si nous la faisons perdre à tous ceux qui sont dans ce logis. Je vous avoue, Messieurs, que, poussé du zèle que doit avoir un bon citoyen, et craignant pour mes hôtes et pour moi-même, avec l’épée que je porte pour me garantir en de pareilles occasions, je me suis mis en devoir d’épouvanter ces insignes voleurs, et de leur faire prendre la fuite ; mais ces hommes féroces et déterminés, au lieu de fuir, me voyant l’épée à la main, se mettent hardiment en défense, et nous combattons fort et ferme. Enfin leur chef m’attaquant de près et vivement, se jette sur moi, me prend à deux mains par les cheveux, et me renverse en arrière. Mais, pendant qu’il demandoit une pierre pour m’assommer, je lui porte un coup, et je le jette heureusement par terre. Dans l’instant j’enfonce mon épée entre les deux épaules du second, qui me tenoit au pied avec les dents ; et le troisième venant sur moi sans précaution et comme un furieux, d’un grand coup d’épée que je lui donne dans le ventre, je le renverse mort sur la place. M’étant ainsi mis hors de danger, et ayant pourvu à la sûreté de mon hôte, aussi-bien qu’à celle du public, bien loin de me croire coupable, je croyois avoir mérité des