Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/270

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Comme j’achevois de parler, Milon commanda qu’on apportât après nous les choses nécessaires pour se baigner, et me prenant par la main, il me conduit aux bains les plus proches. J’évitois les regards de tout le monde, et marchant à côté de lui, je me cachois, autant qu’il m’étoit possible, de ceux que je rencontrois, pour ne leur pas donner encore sujet de rire par le souvenir de ce qui s’étoit passé. Quand nous fûmes aux bains, j’eus l’esprit si troublé, je fus si confus de voir que tout le monde avoit les yeux attachés sur moi, et me montroit au doigt, que je ne me souviens point, ni comme je me baignai, ni comme je m’essuyai, ni de quelle façon je retournai chez mon hôte.

Le mauvais petit soupé que je fis avec Milon, ayant duré fort peu de temps, je le priai de me permettre de m’aller coucher, attendu le violent mal de tête que j’avois, causé par l’abondance des larmes que j’avois répandues. Lorsque je fus dans mon lit, je repassois tristement dans mon esprit toutes les particularités de ce qui m’étoit arrivé, quand enfin ma chère Fotis, après avoir couché sa maîtresse, vint me trouver fort changée ; ce n’étoit plus cet air riant, ni cet enjouement qui accompagnoit d’ordinaire ses discours ; au contraire, elle avoit un air sombre et triste.

Je viens vous avouer franchement, me dit-elle, avec une parole lente et timide, que c’est moi qui suis