Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/274

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qui en sont la cause, quand ils n’ont eu que de bonnes intentions.

En achevant ces mots, j’embrassois tendrement Fotis, qui me faisoit voir dans ses yeux languissans, et fermés à moitié, tout ce que l’amour a de plus tendre et de plus pressant. L’ayant ainsi joyeusement rassurée : Laissez-moi, me dit-elle, avant toutes choses, fermer soigneusement la porte de la chambre, de peur de me rendre coupable envers ma maîtresse d’un grand crime, si par mon imprudence, on venoit à entendre quelque chose de ce que je vais vous dire. En même temps elle ferme la porte aux verroux et au crochet, revient à moi, se jette à mon col, et m’embrassant de tout son cœur : Je tremble de peur, me dit-elle d’une voix basse, de découvrir les mystères de cette maison, et de révéler les secrets de ma maîtresse ; mais je présume mieux de vous et de votre prudence, vous qui, outre la grandeur de votre naissance et l’élévation de votre esprit, êtes initié dans plusieurs mystères de la religion (18), et connoissez sans doute la foi que demande le secret (19). Je vous conjure donc, qu’il ne vous échappe jamais rien de ce que je vais vous confier, et de récompenser, par un silence éternel, la sincérité (20) avec laquelle je vais vous parler ; car l’extrême tendresse que j’ai pour vous, m’oblige à vous apprendre des choses que personne au monde ne sait que moi.