Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/348

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point quelque bon coup à faire dans la maison prochaine dont elle lui avoit parlé.

Mais, comme il portoit ses regards avec attention de tous côtés, sans aucune précaution, cette maudite vieille, quoique foible, le poussa d’un coup subit et imprévu, et le précipita dans la rue ; ce qui lui fut d’autant plus facile, que la grande application qu’il avoit à regarder de tous côtés, l’avoit fait avancer sur la fenêtre, et se mettre comme en équilibre. Outre qu’il fut jeté de fort haut, il tomba sur une grosse pierre qui étoit proche de la maison, où il se rompit les côtes et se brisa tout le corps ; de manière que, vomissant des flots de sang, il a rendu l’ame sans souffrir un long tourment, n’ayant eu que le temps de nous raconter comme la chose s’étoit passée. Nous le mîmes avec Lamaque, pour lui servir de digne compagnon, leur donnant à tous deux une même sépulture.

Notre troupe ainsi affaiblie par la perte de ces deux hommes, nous nous trouvâmes fort rebutés, et ne voulant plus rien entreprendre dans Thèbes, nous avons été à Platée (23), qui en est la ville plus proche. Nous y avons trouvé un homme fameux, nommé Democharès (24) : il étoit prêt de présenter au peuple un spectacle de jeux et de gladiateurs. C’est une personne de grande qualité, puissamment riche, d’une magnificence et d’une libéralité extraordinaire, qui se plaît à donner des fêtes et des