Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/35

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son de campagne, auprès d’Oëa, ville maritime d’Afrique. Ce mariage lui attira un fâcheux procès :

    du troisième chef, il ne se défendit point d’avoir envoyé à un ami une poudre qui étoit propre à bien nettoyer les dents, et d’y avoir joint des vers qui contenoient une description exacte des effets de cette poudre : il soutint que tout le monde, et principalement ceux qui parloient en public, devoient avoir un soin tout particulier de tenir nette leur bouche. Il eut là un beau champ pour rendre bonne sa cause, et pour tourner en ridicule son adversaire, quoi qu’apparemment il eût donné lieu à la critique, par une trop grande affectation de se distinguer des autres savans. Voilà comment certaines causes sont aisées à défendre, encore qu’on ait un peu de tort. Vidi ego dudum (répondit-il, Apol.), vix risum quosdam tenenteis, cum mundicias oris videlicet orator ille aspere accusaret, et dentifricium tanta indignatione pronuntiaret, quanta nemo quisquam venenum. Quidni ? crimen haud contemnendum philosopho, nihil in se sordidum sinere, nihil uspiam corporis apertum, immundum pati ac fœtulentum ; præsertim os, cujus in propatulo et conspicuo usus homini creberrimus ; sive ille cuipiam osculum ferat, seu cum cuiquam sermocinetur, sive in auditorio dissertet, sive in templo preces alleget. Omnem quippe hominis actum sermo præit : qui, ut ait poeta præcipuus, è dentium muro proficiscitur. Faisons le même jugement de la dernière accusation. Ce n’est pas un crime à un docteur, dans quelque faculté que ce soit, d’avoir un miroir : mais, s’il le consultoit trop, quand il s’habille, on l’en pourroit critiquer fort justement. Dans le temps d’Apulée, la morale étoit beaucoup plus rigide qu’aujourd’hui, par rapport à l’extérieur ; car il n’ose point convenir qu’il se serve de son miroir. Il soutient qu’il le pourroit faire,