Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/442

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la nuit ne me fait nulle peine, puisque je vous tiens dans mes bras, vous qui êtes ma lumière. Cet époux attendri se rendit aux prières et aux caresses de Psiché ; il essuya avec ses cheveux les larmes qu’elle versoit ; et lui ayant promis ce qu’elle souhaitoit, il la quitta avant la pointe du jour.

Les deux sœurs conjurées, ayant pris terre, descendent promptement de leurs vaisseaux, et sans aller voir leurs parens, s’acheminent vers le rocher, y montent avec précipitation. Là, par une témérité insolente, sans attendre le secours du vent qui les devoit porter, elles se jettent dans l’air ; le Zéphir qui n’avoit pas oublié l’ordre qui lui avoit été donné, les soutient et les porte, quoiqu’à regret, proche du palais de Psiché. Elles y entrent sans s’arrêter un moment, et embrassent leur proie, à qui elles donnoient le nom de sœur, elles cachent avec une joie et des caresses feintes la noirceur de leurs intentions. Psiché, lui disoient-elles, vous n’êtes plus un enfant, vous serez bientôt mère ; que cette grossesse nous promet de grands avantages ; quelle joie pour toute notre famille, et que nous nous estimerons heureuses de donner nos soins à élever un enfant si précieux. S’il tient de son père et de sa mère pour la beauté, il sera beau comme l’amour même. C’est ainsi que, par ces fausses démonstrations d’amitié, elles s’emparent de son esprit.