Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/458

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étoit d’un éclat et d’une beauté parfaite, et tel que Vénus pouvoit se glorifier de l’avoir mis au monde.

Psiché apperçut au pied du lit un arc, un carquois et des flêches qui sont les armes de ce Dieu puissant, qui font de si douces blessures : elle les examine avec une curiosité extraordinaire, et les admire. Elle prend une des flêches, et voulant essayer du bout du doigt, si la pointe en étoit bien fine, elle se fit une légère piquure, dont il sortit quelques gouttes de sang. C’est ainsi que, sans y penser, Psiché devint amoureuse de l’Amour même. Alors se sentant enflammer de plus en plus pour son cher époux, elle le baise tendrement, redouble ses caresses avides et empressées, et craint la fin de son sommeil.

Mais, pendant qu’elle goûte de si doux plaisirs, cette perfide lampe, comme si elle eût été jalouse, ou qu’elle eût souhaité de toucher et de baiser aussi cet aimable Dieu, laisse tomber une goutte d’huile enflammée sur son épaule droite. Ah, lampe audacieuse et téméraire, tu brûles l’auteur de tous les feux du monde ! Est-ce ainsi qu’il faut servir les amans, toi qui as été inventée par eux pour jouir pendant la nuit de la vue de ce qu’ils aiment ? l’Amour se sentant brûler, s’éveille tout d’un coup, et voyant qu’on lui avoit manqué de parole, se