payens ont parlé de ce roman avec mépris[1].
- ↑ Je ne veux point d’autres preuves pour prouver que quelques payens en ont parlé avec mépris, que la lettre où l’Empereur Sevère se plaint au Sénat des honneurs qu’on avoit rendus à Claudius Albinus. On lui avoit donné entre autres louanges, celle de savant. L’Empereur ne pouvoit souffrir qu’une telle louange eût été donnée à un homme qui s’étoit uniquement rempli l’esprit des contes et des rapsodies d’Apulée. Major fuit dolor quod illum pro literato laudandum plerique duxistis, quum ille næniis quibusdam analibus occupatus inter Milesias punicas Apuleii sui, et ludicra
clair que Moréry n’a pas entendu la pensée de Vossius, et qu’il ne devoit pas dire que l’ouvrage d’Apulée est la paraphrase de celui de Lucien. Il devoit dire que Lucius de Patras avoit été abrégé par Lucien, et paraphrasé par Apulée. Le raisonnement que Moréry enferme dans ces paroles « car il savoit très-bien la langue grecque et la latine », ne vaut rien du tout. Mettez en forme ce raisonnement, vous y trouverez cet enthymême. « Il savoit très-bien la langue grecque et la latine ; donc il a tiré de sa source même, le sujet de cette fable qu’il a accommodée à sa façon, c’est-à-dire, donc, il n’a pas paraphrasé Lucien, mais Lucius de Patras. » Cet enthymême est ridicule : il ne faut pas moins savoir la langue grecque, pour se servir de Lucien, que pour se servir de Lucius ; et il ne sert de rien de savoir la langue latine, pour accommoder à sa façon, un sujet emprunté de Lucius. La Fontaine ne peut-il pas accommoder à sa façon un conte d’Ouville ? Il seroit d’un plus grand usage qu’on ne pense de critiquer la fausse logique des auteurs. Les jeunes gens qui sont nés pour composer, profiteroient beaucoup de bonne heure à une telle critique.