Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/488

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ordinairement, quand ils reviennent las et fatigués du travail. Psiché se met à ranger toutes ces choses avec grand soin, croyant qu’elle ne devoit négliger le culte d’aucun Dieu, et qu’il falloit qu’elle cherchât les moyens de se les rendre tous favorables.

Pendant qu’elle étoit dans cette occupation, Cérés l’apperçut (1) et lui cria de loin : Ah ! malheureuse Psiché, ne sais-tu pas que Vénus en fureur te cherche par tout le monde, et qu’elle a résolu d’employer tout son pouvoir pour te faire périr et se venger ; cependant tu t’occupes ici du soin de mon temple, et tu songes à toute autre chose qu’à mettre ta vie en sûreté. Alors Psiché se prosterne par terre, baigne les pieds de la Déesse de ses larmes, et les essuyant avec ses cheveux, implore son assistance par les prières les plus touchantes. Ayez pitié d’une malheureuse, lui dit-elle, je vous en conjure par cette main libérale, qui répand l’abondance des bleds sur la terre, par les fêtes et les réjouissances que les moissonneurs font en votre honneur, par les sacrifices mystérieux (2) qu’on célèbre pour vous, par la fertilité de la Sicile (3), par votre char attelé de dragons aîlés, par celui qui servit à l’enlèvement de Proserpine, votre fille, par la terre qui s’ouvrit pour la cacher, par les ténèbres où son mariage fut célébré, par sa demeure dans les enfers, et ses retours sur la terre (4). Je vous conjure enfin par tout ce que le temple d’Eleusis (5) qui vous est consacré,