Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/490

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dérobe aux yeux des profanes, laissez-vous toucher de compassion pour la malheureuse Psiché qui est à vos pieds. Souffrez que je puisse rester cachée pour quelques jours sous ces épis de bled, jusqu’à ce que la colère d’une Déesse aussi puissante que Vénus, soit calmée ; ou du moins pendant ce temps-là je reprendrai un peu de forces, après tant de peines et de fatigues que j’ai essuyées.

Vos larmes et vos prières me touchent, lui dit Cérés, je voudrois vous secourir, mais il n’y a pas moyen que je me brouille avec Vénus, qui est ma parente, avec qui je suis liée d’amitié depuis longtemps, et qui d’ailleurs est une Déesse aimable et bienfaisante. Ainsi sortez d’ici, et croyez que je vous fais grace de vous laisser aller, et de ne vous pas faire arrêter.

Psiché voyant ses vœux rejettés contre son espérance, sortit le cœur pénétré d’un surcroît de douleur, et retournant sur ses pas, elle apperçut au bas de la montagne, dans le milieu d’un bois épais, un temple d’une structure merveilleuse. Comme elle ne vouloit négliger aucun moyen, quelqu’incertain qu’il pût être, de se retirer de l’état malheureux où elle étoit, et qu’elle avoit dessein d’implorer le secours de toutes les Divinités, elle s’approcha de ce temple ; elle vit de tous côtés de riches présens, et des robes brodées d’or qui pendoient aux branches des arbres, et la porte du temple, où le nom de la