Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/512

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que l’Amour avoit rendu à Jupiter, dans l’enlèvement de Ganimède, et respectant ce jeune Dieu dans Psiché son épouse, descendit du haut des cieux, et vint auprès d’elle. Vous êtes, lui dit-il, bien crédule, et vous avez bien peu d’expérience des choses du monde, si vous espérez dérober une seule goutte de l’eau de cette fontaine, non moins terrible que respectable, et si vous croyez même en approcher. N’avez-vous jamais oui dire combien ces eaux sont redoutables, et que les Dieux jurent par le Styx, comme les mortels jurent par les Dieux ; mais donnez-moi ce vase. Et en même-temps cet oiseau le prenant des mains de Psiché, vole vers cette fontaine, et voltigeant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre entre les têtes des dragons, il puise de ces eaux, malgré la répugnance qu’elles témoignent, et les avertissemens qu’elles lui donnent de se retirer ; mais l’aigle supposa qu’il en venoit chercher par l’ordre exprès de Vénus, et que c’étoit pour elle, ce qui lui en rendit l’abord un peu plus aisé. Il revint et rendit le vase plein à Psiché, qui s’en alla bien joyeuse le présenter vîte à Vénus.

Cela ne fut point capable de désarmer la colère de cette Déesse. Avec un souris plein d’aigreur, elle menaça Psiché de l’exposer à des peines nouvelles et plus cruelles. Il faut, lui dit-elle, que tu